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Installation Flyover, de Fanny Pratt

Installation Flyover, de Fanny Pratt
dans le cadre du week-end de clôture de Traversées \ Kimsooja
Ouverture de l’installation vendredi 17 janvier 2020 à 18h30 suivi dʼune performance sonore du collectif Pendulum, promotion 2019/20 du post-diplôme « Arts et Créations Sonores » de LʼÉcole Nationale Supérieure dʼArt de Bourges.
Expostion ouverte les 18 et 19 janvier 2020 de 13h à 18h
ÉESI Poitiers

Le travail de Fanny Pratt (DNSEP 2016) prend sa source dans des faits historiques et récits mystérieux relatant lʼexpérience dʼindividus durant la deuxième moitié du XXème siècle. Quʼil sʼagisse de faits divers, de délires mystiques, dʼarmement militaire, dʼobsessions, de vies de musiciens ou de tentatives de communication avec des choses disparues, invisibles ou cachées ; ces éléments issus de la culture populaire font état à terme dʼun point de rupture qui révèle une fragilité, une potentialité de violence et un écroulement. Ils deviennent des objets poétiques que lʼartiste reformule par le biais dʼinstallations, de dessins, dʼœuvres sonores et vidéos, qui nous engagent à réfléchir sur lʼimportance du secret, de la fiction et ce quʼimplique lʼaction de voir et dʼêtre témoin.

La jeune artiste présentera dans lʼenceinte de lʼÉcole Européenne Supérieure de lʼImage, FLYOVER, une installation construite autour dʼun récit mystérieux, apparu sous forme de documents sonores au début des années 90 et relaté par un ornithologue Américain issu de la diaspora Japonaise parti à la recherche dʼune espèce éteinte dʼoiseaux sur une des quatre îles dʼAldabra. Ce récit, dans sa quasi totalité décousu et versifié, se rapproche le plus souvent dʼun texte poétique plutôt que dʼun rapport de faits, si bien quʼil a été difficile dʼétablir la véracité des propos de lʼornithologue.


Le 15 août 1990, Jerry Wataru Parsons, ornithologue américain de renommée modeste, décida de se rendre sur lʼîle Malabar (une des quatre îles principales dʼAldabra, un atoll des Seychelles) pour confirmer la véracité dʼune possible réapparition du Nésille dʼAldabra - oiseau nicheur endémique de lʼîle de la famille des Acrocephalidae aujourdʼhui éteinte.
Onze jours après son arrivée sur lʼîle, Parsons fut spectateur dʼun phénomène sonore inhabituel qui corréla avec la chute en piqué dans la mer de plusieurs centaines de ces oiseaux. Les faits de cet événement se basent sur un ensemble de documents sonores
retrouvés dans son campement dʼappoint enregistrés depuis son arrivée sur lʼÎle quʼon appellera plus tard « Le Récit de Parsons ». Cʼest dans le dernier de ces enregistrements, lʼun des plus cryptiques, quʼil est possible dʼentendre une détonation sonore similaire à un tir de feu dʼartifice et qui, selon certaines théories, serait à lʼorigine de la chute des oiseaux.
Parsons fût retrouvé mort le 31 août, 5 jours après son dernier enregistrement, sur les rives de lʼîle.
Le rapport dʼautopsie raconte peu de choses, lʼeau de mer ayant endommagé le corps. Il fait cependant état de légères coupures sur lʼintégralité de celui-ci ce qui, selon la logique du récit relaté dans lʼenregistrement, pourraient être la conséquence de la collision entre Parsons et les oiseaux durant leur chute. On ne trouvera cependant aucune traces des oiseaux, morts ou vivants.
Aujourdʼhui encore, aucune explication ne fait consensus sur la pluralité de ces constats. La proximité de lʼîle avec celle de Diego Garcia, base militaire américaine servant de point dʼarrêt pour lʼavion furtif américain B2, appuierait néanmoins lʼhypothèse que ce son aurait pu être émis par lʼarmée.
Lʼenregistrement de Jerry W. Parsons est donc pour lʼessentiel considéré comme lʼhistoire délirante dʼun homme malade et mentalement à la dérive depuis de nombreuses années. Le récit suscite néanmoins une certaine fascination par son lien étroit avec les expériences militaires tenues secrètes.

« August 1990, in the evening, the 26th :
Hundreds of thousands of birds began to fall freely in the sea as a dive bomber.
Who leads them ? These yellow birds who celebrate the setting sun ? Theyʼre more destructive when theyʼre near.
The burning sand turns to ashes. Birds can rise, Iʼll take all the crowns. Injuries will take me home as a painless due.
I have something in my mind I am trying to ignore. I count the victims and donʼt say a word.
Answers always betray me. »


« Le 26 août 1990, dans la soirée :
Des centaines de milliers dʼoiseaux se sont mis à chuter dans la mer comme un bombardier en piqué.
Qui les dirige ? Ces oiseaux jaunes qui célèbrent le coucher du soleil ? Ils sont plus ravageurs quand ils sont proches.
Le sable brûlant se transforme en cendres. Les oiseaux peuvent s’élever, je prendrai toutes les couronnes. Les blessures me ramèneront à la maison comme un dû indolore.
J’ai quelque chose en tête que j’essaie d’ignorer. Je compte les victimes et je ne dis pas un mot.
Les réponses me trahissent toujours. »