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Jean-Jacques Gay achète la page Facebook de Marcel Duchamp

Jean-Jacques Gay achète la page Facebook de Marcel Duchamp

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


« Ce 28 juillet, jour anniversaire de sa naissance, Marcel Duchamp est l’arroseur arrosé. L’inventeur des ready-mades, qui s’était saisi d’objets du quotidien « dans l’indifférence esthétique la plus totale », selon ses propres mots, exposant telle une œuvre un désormais célèbre urinoir ou une roue de bicyclette, devient l’objet même qui réveille l’intemporel questionnement sur la nature de l’œuvre d’art. Résumons : après avoir créé un profil Facebook au nom de Marcel Duchamp, un artiste poitevin, Thomas Cheneseau, a vendu le login et le mot de passe à Jean-Jacques Gay, enseignant à l’Ecole supérieure de l’image de Poitiers, au cours d’une vente à Paris le 26 juin, transformant l’immatérielle page du réseau social en pièce de musée.
En prenant pour objet un élément du monde non pas physique, mais numérique, Thomas Cheneseau s’inspire de la pratique du ready-made, dans la mesure où certaines œuvres de Duchamp qui ont disparu - par accident ou par la volonté de l’artiste - étaient donc virtuelles, n’existant plus que comme simple trace photographique ou comme copie. Reste ici la trace numérique, la page copiée-collée à l’infini, réservoir intangible de tout ce qui constitue l’identité d’un Duchamp devenu digital. Tout, même ses doubles, puisque Thomas Cheneseau construit les amitiés de l’inclassable peintre et plasticien français : les profils au nom de Marcel Duchamp ou Rrose Selavy (l’un des pseudonymes du peintre) sont invités à rejoindre son cercle d’amis.
En se penchant sur le monde d’Internet, Facebook en particulier, Cheneseau entend détourner et réinventer. Se présentant comme un artiste numérique, héritier de la tradition du ready-made sur la Toile, il donne la priorité à l’idée, au concept. Pirate de son époque, il peut ainsi, à son tour, paraphraser la formule archi-éculée : ceci n’est pas une page Facebook. »