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[évènement] Rencontre Art & Science, les 19 et 20 mai 2010, Poitiers

RENCONTRE ART & SCIENCE
« Les interfaces entre art et science et le rôle de l'artiste dans la communication, parallèles philosophiques et symboliques »


Mercredi 19 mai et jeudi 20 mai
Toute la journée
Auditorium, EESI Poitiers
26, rue Jean Alexandre, Poitiers


Mercredi 19 Mai


10h
Accueil des Participants

10h30-12h30
Table ronde n°1 "Les nouvelles constructions mentales à l'ère du réseau"
Modérateur : Don FORESTA


- Don Foresta , "La nouvelle Renaissance"

Chaque oeuvre d'art, chaque proposition scientifique, chaque partie du savoir est comme un morceau d'un hologramme, au sens où chacune de ces parties renvoient au tout. C'est un concept dynamique proposé par l'art et la science, une vision du monde émergente dont on commence à voir le nouveau paradigme comme un processus : un espace interactif avec sa propre géométrie, prenant en compte les multiples points de vue, et fonctionnant comme un circuit. Ce paradigme émergeant va exiger un changement dans la définition des rôles et des professions, des structures organisationnelles et des représentations de notre environnement. Cette manière de voir, encore floue, va peut-être remplacer la perspective de la Renaissance dans laquelle nous vivons actuellement. Le réseau, comme espace interactif, va devenir la métaphore de notre civilisation comme a pu l'être le mécanisme horloger dans les époques précédentes. Sa géométrie sera pour nous ce que la géométrie euclidienne a été à la Renaissance, une forme de notre imaginaire.


- Hervé Jolly, "SONDE & ARTS : le flux"

A l'instar des actions de Fontana qui mettaient le réel à l'épreuve, nous proposons aux participants du séminaire Art & Science, une mise à l'épreuve du flux de leurs échanges, qui lui-même se laisse traverser par les pensées du flux. À la fois la pneuma stoïcienne, les espaces du paysage, les marches de Thoreau, le fatalisme du monde flottant ou les langages graphiques de représentations symboliques.
Quelles nécessités poétiques mènent les artistes vers le flux, alors qu'il est par nature insaisissable, et quelles grilles, systèmes, brèches, failles et différences permettent à ces mêmes artistes d'agir sur lui, par exemple en le générant de manière indirecte ? Il y a un paradoxe fondamental qui lie systèmes et flux et qui peut définir actions, pensées et présences poétiques.


- Athanassios Evanghelou, "Les avatars du cognitivisme"

Les sciences cognitives, au départ approche pluridisciplinaire des mécanismes du cerveau et/ou de la pensée, se sont constituées en discipline autonome dans les années 50, pour occuper depuis une place de plus en plus grande dans le champ des sciences de l'information, aussi bien dans leur approche sociale que dans leur approche technique, au point de dépasser le stade du simple paradigme scientifique. Des multiples ressuscitations, chacune se réclamant plus ou moins fidèle à une des disciplines originales, ces avatars retrouvent une nouvelle vitalité par le développement des réseaux informatiques et des réseaux sociaux qui les habitent.


 - Julien Celle (étudiant master AS), "D'une gestuelle par procuration à une gestuelle performative"

À partir d'une analyse de Globus oculi de Jean Louis BOISSIER, de l'installation initiale en 1992 à sa transposition sur Iphone en 2009, nous nous interrogerons sur les possibilités offertes par les dispositifs de captation et les interfaces tactiles utilisés aujourd'hui dans les jeux vidéos et les applications smartphone. Nous tâcherons de déterminer en quoi le recours à ces technologies permet de mettre au jour de nouvelles situations interactives. Nous insisterons sur les changements intervenant dans notre gestuelle et plus particulièrement sur les raisons qui président à ces changements. Notre parti-pris étant de démontrer que nous sommes de moins en moins dans une logique de "gestuelle par procuration" où nous déléguons à un référent (curseurs, avatars, ...) une action à accomplir, mais davantage dans une forme de "gestuelle performative", au sens où nous faisons face à des dispositifs qui requièrent de plus en plus une performance de notre part, proche en un certain sens d'une scénographie.


14h-16h
Table ronde n°2 "La recherche en art"
Modérateur : Jean-Marie DALLET (ÉESI)

- Jean-Marie Dallet , "La recherche en art - SLIDERS, un imaginaire de la relation"

Sous l'impulsion des accords de Bologne, la recherche s'est invitée dans les écoles d'art. Mais de quel modèle de recherche parle-t-on ? D'une recherche qui véhiculerait des connaissances suivant le modèle universaliste universitaire ou bien d'une recherche mono-centrée émanant du sujet artiste et difficilement médiatisable. Peut-on aussi simplement réduire le débat à cette dialectique qui oppose le général au particulier, le transmissible à l'incommunicable et au mystère de toute création ?
Nous verrons, au travers de la jeune histoire du laboratoire SLIDERS_lab de l'ÉESI, comment cette problématique a été abordée et quelles réponses lui ont été apportées. Nous aborderons aussi les questions liées à la stratégie de développement du laboratoire, l'un des deux laboratoires d'école d'art inscrit dans l'accord cadre 2008-2010 CNRS - Ministère de la Culture et de la Communication.


- Stephen Wright, "L'extradisciplinaire"

La recherche en art consiste à faire de l'art. Plus qu'une boutade ou une esquive, cette tautologie met en avant ce qui est spécifique et exclusif à l'art, à savoir son caractère extra-disciplinaire. L'art n'est pas "indiscipliné" ; il possède sa rigueur et surtout : l'art a une histoire, plus exactement plusieurs histoires. Mais cela ne fait pas de l'art une discipline au même titre que son historiographie. S'il n'a pas d'ontologie (l'art n'est pas ceci ou cela, et l'usage du mot et de ce qu'il recouvrent évoluent), il a son histoire. L'histoire de l'art est une discipline — et c'en est une qui participe aux conditions de possibilité de l'art aujourd'hui — mais elle n'est pas l'art. Car l'art se situe en dehors de toute discipline constituée, faisant sien le "principe d'équivalence" énoncé en 1968 par Robert Filliou. On peut même dire que la recherche en art favorise le mal fait et le pas fait qui, contrairement au bien fait, laissent ouverts la possibilité d'une progression tandis que le bien fait se retrouve figé dans son état final et statique.
La recherche en art, si elle va se révéler fructueuse, heuristique, nécessite aujourd'hui la mise en place des plateformes de collaboration avec d'autres champs de recherche, d'autres modes de production des savoirs : avec la médecine et les sciences de la vie en général, les sciences humaines et sociales, l'activisme politique, les sciences "dures" et "spéculatives". Mais puisque l'art se situe en dehors de toute discipline constituée, cette collaboration ne saurait être qu'explicitement extradisciplinaire. La recherche extradisciplinaire est éminement et de façon inhérente expérimentale, dans la mesure où chaque initiative génère sa propre méthodologie. Surtout, elle s'appuie sur une dynamique unique de partage des compétences et de savoirs, plus exactement sur l'égalité fondamentale entre compétence et incompétence, entre savoir et non-savoir. Seule une perspective extradisciplinaire permet de formuler une approche aussi contre-intuitive — approche dont les conditions de possibilité résident dans la contestation radicale du système des "beaux-arts" et du faire traditionnel à travers la modernité. Ce n'est que lorsqu'elle se trouve contestée par une incompétence (qu'est-ce qu'une question sinon une incompétence calculée ?) qu'une compétence est amenée à s'interroger, permettant la recherche d'avancer. En ce sens, la recherche en art — la recherche extradisciplinaire — est une forme délibérative de production des savoirs — et une alternative authentique à la culture de l'expertise.


- Frédéric Curien, "Cartographie du basson"

La Cartographie du basson est une réalisation multimédia qui donne à voir la cartographie d'un instrument de musique. Cette recherche qui s'inscrit dans l'Art cartographique, domaine privilégié des artistes plasticiens de Dürer à Jasper Johns, postule qu'un instrument de musique est un territoire. Un espace réticulaire que l'on peut explorer et représenter, fait de relations multiples, entre interprètes, compositeurs, luthiers et publics. On peut en tirer plusieurs cartes, visibles, lisibles et explorables par le spectateur. Des plans sensibles et dynamiques, qui représentent chacun de manière spécifique, les usages, les modes et propriétés de cette interface singulière qu'est le basson. Cette expérimentation plastique d'inspiration organologique, fait suite à une recherche sur la cartographie et la notion de réseau. Débutée sur la question du paysage et de sa représentation, elle s'est étendue à celle du territoire et à la problématique des réseaux pour s'appliquer ensuite à celle de l'espace du basson comme réseau. Cet espace relationnel qui déborde l'instrument proprement dit, peut être qualifié d'instrumental : il est constitué de l'ensemble des corps en relation instrumentale, le corps de l'instrument, celui de l'interprète, et d'autres encore...


16h-16h30
Présentation et visite commentée par Samuel Bianchini de l'exposition Maintenance.
Pour plus d'informations : www.eesi.eu/site/spip.php?article471

16h30-18h00
Sonde & arts sur le flux avec Hervé JOLLY

18h30
Conférence de Don FORESTA
"La nouvelle renaissance ou comment aujourd'hui nous comprenons et représentons la réalité en art et en science"





Jeudi 20 Mai

10h30-12h30
Table ronde n°3 "Le paradigmes de l'épistémè numérique"
Modérateur : Frédéric Curien (ÉESI)

- Frédéric Curien, "Paradigmes de l'épistémè numérique" 

L'informatisation progressive de tous les secteurs d'activité artistique, de la production à la communication, modifie nos manières de voir et de faire, et donne lieu à une nouvelle épistémè, à l'intersection entre art, science et philosophie. Elle est porteuse de paradigmes spécifiques sous-tendus par la numérisation, tels l'interactivité, la dé-linéarisation, la navigation multimodale des bases de données informationnelles. Elle implique aussi une nouvelle poïétique par le choix de modèles de conception et de construction qui redéfinissent l'objet dans sa relation au sujet, comme entité relationnelle. Sur le plan esthétique, elle règle et contraint le processus artistique et nous pouvons considérer que les entités et les procédures se situent sur le même plan d'immanence. Il existe donc une relation d'homothétie de même nature entre ces éléments, car ceux-ci ont été générés par la même grille paradigmatique qui résulte de la résonance des trois champs épistémologiques : artistique, scientifique et philosophique.


- Emmanuelle Baud, "Arc Direct to stage "

Direct_to_stage - expérimentation, conception et réalisation de dispositifs scénographiques interactifs appliqués notamment à un projet de création proposé par le Collectif MXM ( Cyril Teste et Patrick Laffont), en partenariat avec le Conservatoire et La Ferme du Buisson pour la réalisation d'une pièce pour le Festival Temps d'images en octobre 2010. Pour 2009-10, nous avons proposé aux étudiants de travailler avec les artistes de MXM à la réalisation d' une installation vidéo-interactive reprenant le principe d'écriture vidéo directe d'un espace-image mais où c'est le spectateur qui devient le sujet-modèle-acteur de l'histoire.
L'interactivité nous demandera de résoudre différentes questions : quel processus pour télécommander les caméras et vidéo projecteurs en fonction de la position du spectateur, les scénarii et scénographies possibles pour définir le parcours du spectateur ? Quel récit et quelle dramaturgie ? Quelle mise en espace des différents éléments : caméras, espace de jeu, espace de projection ? La place pour le public ?
A partir de cette proposition qui pose les intentions et les bases d'un dispositif, tout reste à inventer. Plusieurs scénarios, scénographies et dispositifs peuvent être créés et travaillés en groupe.


- Mélanie Lesbats (étudiante master AS), "L’inconscient technique de la matière"

L’inconscient technique de la matière est un terme que l’on retrouve dans le catalogue d’exposition "L’empreinte", édité par le centre Georges Pompidou. Ce terme n’a été que peu pensé, pourtant il permet d’appréhender les œuvres, et plus généralement les formes du monde, sous un autre regard. En effet, nous ne penserons plus les formes sous l’angle de leur finalité ou utilité, mais sur le modèle de leur formation. Nous proposerons une définition de l’inconscient technique de la matière. Ce terme évoque la rencontre entre des caractères déterminés et d’autres indéterminés. Nous penserons ensuite la question de la représentation de l’inconscient technique de la matière. Pour représenter un concept, il faut avant tout l’incarner, passer de l’idée à la chose matérielle.


14h-16h
Table ronde n°4 "Parallèles philosophiques et symboliques dans la relation art et science"

Modérateur : Armen KHATCHATOUROV (IRI, Centre Pompidou)

- Armen Khatchatourov, "Les parallèles philosophiques et symboliques dans la relation art et science"


Nous proposerons tout d'abord une brève perspective historique de la relation entre arts et sciences pour mettre en évidence la complexité et l'évolution de leur rapport. Nous essayerons de mettre en lumière le fait que leur relative séparation correspond à une époque précise, et qu'aujourd'hui les parallèles ou le rapprochement éventuels entre art et science doivent être pensés sur fond de cette histoire pour en mesurer les enjeux.
Nous nous interrogerons ensuite sur les raisons qui font que cette question est à l'ordre du jour, et les possibilités de principe d'un tel rapprochement. Pour ce qui est des raisons, on évoquera en particulier le contexte, désormais techno-scientifique et performatif, de la science qui nous invite, - toute proportion gardée -, à faire ce rapprochement, en nous tournant vers l'art comme paradigme de création et en cherchant dans l'art un ancrage possible pour donner du sens à l'activité scientifique au sein de la société. Pour ce qui est des possibilités d'un tel rapprochement, nous nous concentrerons sur les obstacles et les incompatibilités, parmi lesquels les différences de posture, des enjeux sociétaux sous-jacents et de structuration de la recherche en art et science. Nous nous demanderons si et dans quelles conditions l'art qui se conjugue à la techno-science peut cependant être dans une posture critique par rapport à cette dernière, chose qui semble aujourd'hui nécessaire.
Enfin, dans un registre un peu différent, nous mobiliserons un exemple concret des dispositifs d'interaction gestuelle, au croisement des sciences pour l'ingénieur et des sciences cognitives, pour expliciter les enjeux à la fois scientifiques, technologiques, industriels d'une part, et philosophiques et artistiques d'autre part.


- Sylvie Marchand, "Vivre, penser, et créer en mobilité"

Sylvie Marchand, auteure réalisatrice, montrera comment elle fait appel à l'ethnographie pour aborder le terrain des cultures de la 'mobilité', puis conceptualiser ses dispositifs complexes, interactifs, immersifs, métissant cultures, matière et outils numériques. Elle présentera quelques travaux récents menés en Asie, Europe et Amérique : les technologies numériques et les outils de communication en réseau y sont questionnés, adaptés au rythme du corps et au développement de la créativité, pliés à la fluidité du voyage et destinés à l'échange et au dialogue avec les publics locaux et/ou distants.


- Athanassios Evanghelou, "Echanges symboliques, entre Nature et Technique"

La Nature est notre environnement virtuel, dont nous ne découvrons les potentialités qu'à travers les objets techniques qui nous mettent en relation avec ses forces. Avec les nouvelles technologies (informatique et télécoms), une autre catégorie d'objets a vu le jour qui nous mettent en relation non pas avec les forces de la Nature, mais avec nos propres forces (du moins nos capacités cognitives). Objets qui ne tirent leur force que par leur capacité d'en accueillir d'autres : addons, applets, widgets, applications, scripts, modules, etc., viennent s'agréger autour de l'appareil de base pour étendre ses possibilités. Si, dans la première catégorie, les objets se sont constitués, au fil du temps, une valeur symbolique dépassant parfois leur valeur utilitaire, qu'en est-il de ces nouveaux objets techniques ?

16h30-18h00
Sonde & arts sur le flux avec Hervé JOLLY

18h00
Clôture du séminaire


Définition de la « sonde »

Une sonde est un regard signé et croisé de théoriciens et de plasticiens sur une question philosophique et/ou sur des oeuvres en lien avec les problématiques du séminaire Art & Science. En pratique, il s'agit d'une action plastique et théorique à partir d'un dispositif informatique d'annotations dynamiques, sémantiques et graphiques, permettant de visualiser sur un écran les grilles de lectures proposées par les intervenants.
A l'instar des actions de Fontana qui mettaient le réel à l'épreuve, il est proposé aux participants du séminaire Art & Science une mise à l'épreuve du flux de leurs échanges, qui lui-même se laisse traverser par les pensées du flux, à la fois la pneuma stoïcienne, les espaces du paysage, les marches de Thoreau, le fatalisme du monde flottant ou les langages graphiques de représentation symbolique.
Quelles nécessités poétiques mènent les artistes vers le flux, alors qu'il est par nature insaisissable, et quelles grilles, systèmes, brèches, failles et différences permettent à ces mêmes artistes d'agir sur lui, par exemple en le générant de manière indirecte ? Il y a un paradoxe fondamental qui lie systèmes et flux et qui peut définir actions, pensées et présence poétique.