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A-a-a-ll r-i-i-i-ght ! - Virgine Yassef

A-a-a-ll r-i-i-i-ght ! Virginie Yassef

Inauguration le 16 octobre 2015 à 16h
Ecole supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand
85, rue du Docteur Bousquet
63100 Clermont-Ferrand

L’œuvre A-a-a-ll r-i-i-i-ght ! pensée et conçue par Virginie Yassef dans le cadre du 1% artistique de l’Ecole Nationale Supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand, prend en compte deux facteurs intrinsèquement liés à l’identité de l’Ecole : le public affectataire du bâtiment – des étudiants en architecture – et l’environnement du lieu – une zone à la lisière entre la ville et le puy de Chanturgue.

L’œuvre est une cabane et un rocher. Une cabane juchée sur un rocher, pour être exact.

L’image est forte, saisissante, intrigante ; elle constitue un « évènement ». La cabane perchée à 5 mètres de hauteur et en équilibre sur son rocher est éminemment burlesque. En suspension, elle laisse planer le suspens sur les circonstances de sa création : est-elle descendue du ciel ? ; s’est-elle élevée suite à une montée subite des eaux ? ; est-elle le vestige d’un niveau du sol autrefois plus haut ? Tout droit sortie d’un film de Buster Keaton ou d’un dessin animé, sa présence réelle – dans sa matérialité et sa monumentalité – produit un vertige aussi physique que conceptuel.

Cette cabane en équilibre sur un rocher aurait pu surgir de l’esprit de Virginie Yassef, coutumière des constructions monumentales et jouant des équilibres. Pourtant, en l’occurrence, elle s’est très précisément inspirée d’une construction vue dans une photographie ancienne, accompagnée de la mention « Lapparnas forvaringshus », qui permet de la situer en Laponie où les cabane perchées sont courantes afin de tenir les réserves de nourriture à distance des ours. Mais cette cabane sur un rocher est tout à fait unique : elle semble être une aberration dans la typologie des cabanes perchées.

L’artiste parie-t-elle sur le retour des ours d’Auvergne ? Non, même si l’idée est plaisante. Ce qu’elle retient de l’image de départ est plutôt le potentiel sculptural de la construction et les récits qu’elle peut engendrer. Les étudiants la découvriront à la rentrée de septembre, en même temps que le nouveau bâtiment. Sorte de faux vestige du passé, la sculpture contribuera à construire une histoire du site, ou plutôt une légende du site, puisque ses origines sont floues et qu’il revient au spectateur de les imaginer.

Le choix d’une cabane pour le contexte d’une École Nationale Supérieure d’architecture renvoie, par sa simplicité – quatre murs, un toit à deux pans, une petite porte – à la plus petite unité d’architecture. En revenant au stade originel de l’architecture, la forme géométrique et typiquement humaine de cette cabane rappelle l’élément de base de la trame constructive en général. La cabane est un exceptionnel support à l’imaginaire. Rêve de l’enfant comme de l’adulte, la cabane – qu’elle soit celle des calanques ou des jardins ouvriers – remplit la fonction de refuge et de villégiature modeste, la cabane perchée représentant l’absolu de cette indépendance.

La cabane – sur son rocher et en milieu naturel – constitue matériellement la synthèse de la nature et de la culture, et métaphoriquement la jonction entre une École Supérieure d’architecture et un site naturel.

A-a-a-ll r-i-i-i-ght ! est appelée à devenir un support de projection pour les étudiants : que la cabane leur rappelle le mythe primitif de l’architecture, avant qu’ils ne se prennent à rêver les rebondissements qui l’ont conduite sur son rocher. L’oeuvre lance un défi à l’esprit : que son extravagance puisse inspirer les spectateurs et les étudiants en particulier, dans leurs travaux futurs et les encourage à se saisir des potentiels de leur propre imagination.

Laetitia Chauvin

Oeuvre réalisée en 2015 dans le cadre du 1% artistique de l’École supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand
Mandataire : OPPIC, Ministère de la Culture et de la Communication